Cette question revient souvent dans les discussions avec des gens en général. On trouve souvent aussi des personnes qui sont en proie à des mythes concernant la santé mentale. Je trouve important de démythifier toutes ces idées préconçues qui voyagent de génération en génération. Nous sommes des êtres émotionnels, intellectuels, physiques, et toutes ces dimensions différentes sont liées, on agit et réagit en résonance avec elles.

Quand on traverse un moment difficile toutes ces dimensions sont impactées, mais bien sûr l’esprit humain est plus complexe que cela, on va mettre en place plein de mécanismes de défense pour cloisonner les différentes perturbations. Surtout quand il s’agit de l’espace émotionnel, ou bien aussi intellectuel. On a moins de contrôle sur l’espace physique. Le mal-être doit s’exprimer et il trouvera une façon de le faire, et quand on arrive à taire nos émotions, il y a l’espace physique qui s’exprime. C’est pour cela que la plupart du temps quand on reçoit une personne en consultation psychologique sa motivation principale est d’aller mieux physiquement, de réduire l’insomnie, la compulsion alimentaire, la négligence de l’hygiène corporelle, les maux de tête, le sentiment de s’étouffer, la difficulté à respirer, etc. Et généralement les gens viennent voir un psychologue car ils ont déjà fait le tour avec les médecins, et ils n’ont rien trouvé.

De son côté, le psychologue met des mots sur la possibilité d’une composante psychologique en lien avec tous ces symptômes. Il est important de dire qu’aller voir un psy n’est pas le dernier espoir de trouver une solution à un cas qui peut sembler sans issue. Généralement les gens veulent aller très vite et je pense que tout cela fait partie des représentations que l’on a par rapport au fait de consulter un psy. Aller voir un psy, c’est un cheminement qui peut prendre longtemps, un cheminement que l’on va décider d’entreprendre aux côtés de quelqu’un qui va nous accompagner en toute bienveillance pour nous apporter des éclaircissements, nous écouter sans nous culpabiliser. En thérapie vous êtes libre de parler ouvertement de vos pensées les plus sombres, les plus difficiles à nommer. Tout cela dans l’objectif de « détricoter » votre mental afin de pouvoir le « retricoter » d’une façon plus adaptée à votre présent. De plus, tout ce cheminement se passe dans un espace sécurisé et confidentiel, où vous apprenez à prendre soin de vous-même.

Je reviens alors à ma question initiale : pourquoi aller voir un Psychologue ? Je répondrai : car nous sommes des êtres humains qui traversons continuellement des évènements parfois dramatiques traumatisants, des évènements difficiles à digérer. Parfois nous sommes en train de boucler des cycles de vie, parfois nous nous retrouvons à un carrefour de la vie, nous affrontons des ruptures, des commencements, des bouleversements, tout cela représente des moments qui sont très fragiles, des moments où l’on hésite entre la chute et la résistance, et aussi notre capacité à cumuler des soucis. Parfois on s’effondre complètement, généralement, c’est à ce moment-là que l’on est prêt à accepter l’aide de quelqu’un de neutre. En certaines occasions, la prise de conscience intervient avant que la situation ne soit si terrible. On peut consulter à partir du moment où l’on se pose des questions existentielles, où l’on ressent des émotions incontrôlées, des problèmes relationnels, de la perte de sens par rapport à des valeurs qui nous concernaient auparavant. À partir du moment où l’on souhaite mettre des mots sur tout ça.

J’ai envie de dire que les patients ne viennent pas toujours en rapport à un problème spécifique mais plutôt habités d’une volonté de mieux appréhender toutes les complexités de leur monde intérieur, c’est aussi possible de vous accorder cet espace, de vous offrir cette expérience.

Je vous dis à bientôt mes chers lectrices et lecteurs.
– J. Breuil